Retour au Lab

Éclaboussures savonneuses & lumières fluorescentes

September, 2024

EN COULISSES
Conversation avec Manuel Galarneau, Directeur Multimedia

La technologie joue un rôle vital dans notre travail, mais parfois, ce sont les idées les plus simples et les moins technologiques qui ont le plus grand impact. Un bon exemple est l'idée de Manu de filmer dans un lave-auto pour le concert de Phish à la Sphere. Après plusieurs passages sous les jets d'eau et les néons, le résultat est tout simplement spectaculaire! 

Ici, nous discutons avec lui de son processus créatif et de l'inspiration derrière ce concept.

© Photo credit ALIVE COVERAGE

Comment t'est venue l'idée de créer du contenu visuel à partir de scènes filmées dans un lave-auto pour le concert de Phish ?

On a conçu les quatre spectacles de Phish autour des quatre états de la matière : Solide, Liquide, Gaz et Plasma. Pour le concert axé sur les liquides, on cherchait des idées immersives et originales impliquant l'eau sous différentes formes. Au début, j’avais pensé à une énorme machine à laver entourant le public, mais je me demandais si ça ne risquait pas d’être un peu trop intense et étourdissant. En discutant avec Justin Restaino, mon producteur qui était à Las Vegas à ce moment-là, il est passé devant un lave-auto. C’est là que l’idée lui est venue : pourquoi ne pas recréer l’atmosphère d’un lave-auto ? Dès ce moment, on a su que ce concept serait idéal pour le concert.

Des souvenirs ou des histoires mémorables ont-ils marqué le tournage de cette scène ?

Après une journée particulièrement longue à la Sphère, Justin Restaino, mon producteur, a proposé de nous changer les idées en allant filmer dans un lave-auto. C'était une tâche que nous avions sur notre liste depuis un moment, et que nous n’avions pas encore eu la chance de réaliser. Nous sommes donc montés dans sa voiture, avons fixé une caméra Go Pro à son pare-brise, et avons roulé jusqu'à une station de lave-auto environnante qui était sur le point de fermer. Nous avons fait autant de passages que possible avant la fermeture. Malheureusement, les images de la GoPro étaient tremblantes et un peu granuleuses, loin de la qualité vidéo nécessaire pour une toile haute résolution comme celle de la Sphère.

Nous avons donc loué une caméra Titan 360, la meilleure sur le marché à l'époque, et une Tesla Model X pour son grand pare-brise en verre. Nous avons ensuite repéré un lave-auto, avec des néons et une ambiance plus festive. Le but était de recréer la nostalgie des visites de lave-auto que nous faisions quand nous étions enfants avec nos parents.Nous avons fait appel à Zane Kozak, notre superviseur d’images de synthèse, pour garantir un tournage de haute qualité. Il a déterminé le meilleur angle de caméra pour maximiser l'immersion et a même trouvé une solution pour retirer le miroir, nous offrant une vue dégagée du pare-brise.

Nous avons planifié notre séance au crépuscule et réalisé une douzaine de passages au lave-auto avec le forfait le plus complet, incluant de la cire colorée. Nous avons testé divers réglages  avec la caméra pour capturer les images les plus nettes et parfaitement adaptées à notre projet.Nous avons aussi dû négocier avec les employés de la station pour qu'ils coopèrent et nous permettent de filmer sans apparaître dans les plans de caméra. On a également constaté que la Tesla Model X n'était pas entièrement étanche ; de l'eau s'échappait des portes et se répandait sur nous. Pour protéger notre équipement, nous avons dû improviser et recouvrir les joints des portes avec du ruban adhésif pour éviter les fuites d’eau.

Comment penses-tu que filmer dans un endroit inattendu comme un lave-auto a participé à nourrir ton processus créatif et enrichit l’expérience du concert ?

Les lave-auto évoquent quelque chose de nostalgique qui touche les gens, ça nous ramène à des souvenirs d'enfance. De manière générale, si quelque chose me fait sourire et me rend heureux, je me dis qu' il y a de fortes chances que ça ait le même effet sur le public. Et puis, j’adore les idées un peu déjantées qui font dire aux gens : “Je peux pas croire qu’ils ont fait ça !”

La scène se termine avec un chien qui lèche la lentille d’une caméra – une idée à la fois simple et analogue. Penses-tu que ce contraste marqué avec les éléments majoritairement numériques et haute résolution a ajouté une touche distinctive au spectacle ?

Oui, complètement. On savait que c'était une idée originale et on pensait qu’elle ferait forte impression. C'est surprenant et assez différent des autres éléments visuels du spectacle. On trouvait aussi que ça correspondait bien au sens de l’humour de Phish.

L'impact a-t-il été à la hauteur de vos attentes ?

Lors des tests techniques avant le concert, toute l’équipe (techniciens, animateurs, éclairagistes, etc.) était complètement captivée par cette séquence. On savait donc qu'il fallait absolument l'intégrer dans le spectacle et on était convaincus que ça allait avoir un grand impact.

Oui, le public a complètement craqué pour le chien, au point où le groupe a commencé à imiter des hurlements sur scène pour s’amuser avec l’idée.  La réaction du public a été tellement positive que ça l’en a immédiatement valu le coup. Et pour couronner le tout, ça a rapidement fait un buzz en ligne. On ne pouvait pas être plus contents !

© Credit photo : RICH FURY

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